6 août 2012

Le collectif Roosevelt pour éviter l'effondrement




France Info : Pierre Larrouturou : comment lutter contre la crise?  


nonFiction | 7 juin 2012

François Hollande, endosser le costume de Roosevelt ? C’est en tout cas ce que lui demande le collectif Roosevelt 2012. Ce groupe d’intellectuels et de citoyens, parmi lesquels Stéphane Hessel, Pierre Larrouturou, Edgar Morin, Michel Rocard, Patrick Viveret, a lancé un appel et un manifeste : "Dire l’urgence, reconstruire l’Espoir".

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Pour eux, la crise n’est pas finie, et les solutions mises sur la table (comme l’impératif "relancer la croissance"), si elles sont louables, ne seront pas suffisantes. Pour empêcher un effondrement, il faut prendre des mesures radicales. Comme celles de Roosevelt qui a réussi à relever l’Amérique exsangue post-krach de 1929. Le collectif met en avant sa détermination à stopper la crise : "[son] but n’était pas de "rassurer les marchés financiers", mais de les dompter." Malgré la fureur des banques, Roosevelt a tenu bon et fait voter 15 réformes fondamentales en trois mois. L’économie américaine a vécu avec ces réformes pendant un demi-siècle.

Le collectif formule lui aussi ses 15 propositions articulées en trois points : éviter l’effondrement ; contre le chômage, construire une nouvelle société ; construire enfin une Europe démocratique. Concrètement, il s’agirait de diminuer les taux d’intérêt sur la dette publique, boycotter les paradis fiscaux, limiter les licenciements, séparer les banques de dépôt et les banques d’affaires, négocier un autre partage du temps de travail, etc. Chacune de ses mesures est clairement détaillée et la plupart du temps pensée pour être réalisable immédiatement, sans besoin de réformer les traités européens. Le groupe fait reposer ses propositions sur des exemples concrets, comme l’expérience de l’Allemagne : également frappée par la crise, l’augmentation du chômage y a été moindre parce que les syndicats ont fait pression sur Angela Merkel pour sauvegarder les emplois.

Roosevelt avait également convoqué la réunion sociale de Philadelphie en 1933, et le sommet de Bretton Woods où ont été posées les bases de la finance moderne avec la création du FMI et de la Banque mondiale. En suivant son exemple, le collectif recommande d’organiser dès juillet 2012 un "Nouveau Bretton Woods", et un sommet social d’envergure, en mettant tous les partenaires autour de la table pendant trois mois pour refonder l’économie.

Et comment faire ?

Le collectif espère, par ces propositions, provoquer un sursaut. Il compte regrouper un grand nombre de soutiens et exercer ainsi une pression sur le gouvernement, François Hollande et les parlementaires. Dans une rhétorique qui n’est pas sans rappeler celle du best-seller de Stéphane Hessel, Indignez-vous, ("c’est à nous, les citoyens, de dire dans quelle société nous voulons vivre"), le groupe, dans son appel à la mobilisation pour regrouper des signatures, fait sans cesse référence au citoyen. Pierre Larrouturou a d’ailleurs publié en mars un petit livre clairement inspiré du format d’Indignez-vous - une centaine de pages, à 3€ en librairie – où sont reprises les propositions. Le titre : C’est plus grave que ce qu’on vous dit… mais on peut s’en sortir.

Pour représenter une certaine force et parvenir à faire pression, Roosevelt 2012 compte sur le nombre. Le total des signataires a atteint 58.000. Dans son appel du 17 mai dernier, Stéphane Hessel visait les 250.000. Pour tenter de structurer une base dans la société civile, le collectif s’appuie sur un réseau social, Nouvelle donne, où se coordonnent des groupes locaux et s’échangent quelques idées. Quelques tractages prévus dans les grandes villes, deux ou trois débats, guère plus pour le moment ; cette méthode est néanmoins révélatrice de la prise de conscience de l’émergence de nouvelles voies de politisation en marge des organisations traditionnelles du militantisme (syndicats et partis). Ces mouvements sont souvent (auto ?) désignés par le vocable "citoyen". Personne ne sait encore exactement comment – la plupart des réseaux sociaux politisés en ligne se sont révélés des échecs – mais on sait à présent qu’il faudra compter avec Internet comme relais vers les citoyens, et avec une action en lien direct avec la base. Si le mouvement des Indignés a assez peu pris en France, le succès commercial du livret d’Hessel, et plus récemment, l’enthousiasme suscité par la "révolution citoyenne" du Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon témoignent de l’écho que peut rencontrer un tel discours.

L’intérêt du collectif est d’user de ces relais pour tenter de construire un mouvement autour de ces propositions précises et concrètes. Si, peut-être par manque de spontanéité, l’initiative dans son versant populaire, "citoyen", connait un décollage assez lent, elle est un bon exemple du visage que pourrait revêtir une nécessaire force critique et de propositions maintenant que la gauche est au pouvoir. Se plaçant clairement dans cette optique, Pierre Larrouturou et Michel Rocard cosignent un livre qui doit sortir un août chez Flammarion : La Gauche n’a plus le droit à l’erreur. Chômage, précarité, crise financière : Arrêtez les rustines !
Adresse de cet article :  http://www.nonfiction.fr/article-5877-le_collectif_roosevelt_pour_eviter_leffondrement.htm

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