27 août 2012

Nucléaire : quand Montebourg croit voir des réacteurs…



Observatoire du nucléaire |  Communiqués du 27 août 2012 | Par Stéphane Lhomme


Montebourg et Valls ne parlent pas de nucléaire mais de la mise au pas des écologistes par le PS


- Mme Duflot a bradé l'écologie au profit de sa carrière

- Le nucléaire était en déclin avant même Fukushima...
En déclarant, contre toute évidence, que "le nucléaire est une énergie d'avenir", MM Montebourg et Valls ne parlent en réalité pas d'énergie mais de la situation politique dans la majorité. Il s'agit, de la part de ces deux ministres productivistes, de faire publiquement état de la mise au pas du parti écologiste EELV par le parti socialiste.

S'ils ont tort par rapport au nucléaire, les deux ministres ont hélas parfaitement raison sur le plan politique : l'écologie politique est en ruine depuis que Cécile Duflot l'a littéralement vendue en échange d'un strapontin ministériel pour doper sa carrière politicienne personnelle. Sa déroute politique face à Manuel Valls est actée aujourd'hui même par l'évacuation médiatique d'un campement de Roms à Evry.

Les représentants d'EELV qui font mine aujourd'hui de tomber des nues, à la suite des déclarations de MM Montebourg et Valls, savent parfaitement que ces déclarations relèvent d'une logique politique implacable : les deux ministres écologistes et les deux groupes parlementaires écologistes ((qui ont voté la confiance) cautionnent ce gouvernement productiviste, pronucléaire, et qui prétend contre tout évidence faire "revenir la croissance".

La seule solution pour l'écologie politique est de clore le cycle "people" ouvert en 2009 et qui a consisté à recruter des "vedettes" (José Bové, Eva Joly, Laurence Vichnievski, Nicolas Hulot, etc) pour incarner des combats qui doivent en réalité être menés sur le terrain et dans la radicalité.

La filière nucléaire mondiale en totale déconfiture

La filière nucléaire mondiale est en totale déconfiture, processus d'ailleurs commencé bien avant la catastrophe de Fukushima. La part du nucléaire dans l'électricité mondiale est passée de 17% en 2005 à 11% aujourd'hui. De nouveaux scandales frappent désormais la filière nucléaire, comme l'affaire des fissures de cuves qui concernent plus de 20 réacteurs dans une dizaine de pays.

(lire la suite...)


Le Japon, l'Allemagne, la Belgique, la Suisse, l'Espagne : nombreux sont les pays qui ont décidé d'en finir avec l'atome, sans parler de ceux qui, comme l'Italie, ont refusé clairement cette option.

Quant aux pays qui prétendent "relancer" cette filière, comme les USA et la Grande-Bretagne, ils se heurtent au coût réel de l'électricité nucléaire qu'il n'est plus possible, en ces temps de disette budgétaire, de masquer par des aides publiques indues comme cela a été le cas pendant des décennies.

Enfin, les projets nucléaires au Sud (Inde, Brésil, etc) se heurtent à des mobilisations populaires massives. Seuls les régimes autoritaires (Chine, Russie, Émirats) maintiennent encore certains projets…

Nucléaire : quand Montebourg croit voir des réacteurs… 

Interviewé sur BFM TV ce matin, M Montebourg a déclaré que "depuis la décision de Mme Merkel de sortir du nucléaire, tous les pays voisins de l'Allemagne construisent des réacteurs nucléaires." Cette déclaration est totalement erronée :
 
- Les Pays-Bas n'ont aucun projet de nouveau réacteur, et n'ont qu'un petit réacteur (485 MW) mis en service en 1973 et donc voué à une fermeture très prochaine.
  
- La Belgique n'a aucun projet de nouveau réacteur, la seule question étant le rythme de fermeture des 7 réacteurs en service, dont deux sont d'ailleurs au cœur du scandale actuel des fissures des cuves

 - Le Danemark n'a aucun projet de réacteur nucléaire, ce pays est antinucléaire depuis toujours.

- La Suisse n'a aucun projet fiable de réacteur nucléaire : le patronat suisse fait campagne pour un tel projet mais les consultations (votations citoyennes) s'y opposent clairement. Le débat en Suisse porte sur la durée de vie des 5 réacteurs actuels, tous très anciens.

- L'Autriche n'a aucun projet de réacteur nucléaire, l'interdiction de l'atome étant même inscrite dans la constitution de ce pays radicalement antinucléaire.

- La Pologne a un projet virtuel de construction d'un seul réacteur en coopération avec les pays baltes, mais il s'agit d'un "serpent de mer" qui n'existe que sur le papier et qui n'a pas avancé d'un pouce depuis des années. En tout état de cause, il n'y a aucun réacteur "en construction" en Pologne.

- La République Tchèque tente de maintenir à flot un projet de deux nouveaux réacteurs à Temelin, en envisageant de garantir un prix élevé d'achat de l'électricité sur 60 ans (!), mais même ces manoeuvres ne parviennent pas à donner corps à un projet qui reste parfaitement virtuel. En tout état de cause, il n'y a aucun réacteur "en construction" en République Tchèque.

- La France compte un réacteur en chantier à Flamanville (Manche) depuis 2007, soit bien avant la décision de Mme Merkel de sortir du nucléaire. Qui plus est, il s'agit d'un chantier catastrophique (prix doublé, 4 ans de retard, nombreuses malfaçons…)

En résumé, M Montebourg est incompétent et prétend des choses qui n'ont aucun rapport avec la réalité. Sur 8 pays voisins de l'Allemagne, 7 n'ont aucun réacteur en construction et le 8ème (la France) en compte un seul mais qui a été mis en chantier bien avant la décision de Mme Merkel de sortir du nucléaire.


Il est sidérant de constater une telle légèreté chez M Montebourg, qui est tout de même ministre…
Adresse de cet article,  http://observ.nucleaire.free.fr/valls-montebourg.htm



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